L'annulation des Yukos Awards a surpris beaucoup. Dans la sentence finale rendue le 18 juillet 2014, après 10 années de procédure, le Tribunal arbitral a statué à l'unanimité que la Fédération de Russie avait pris des mesures d'effet équivalant à une nationalisation ou à une expropriation en vertu du TCE et a accordé aux requérants (Yukos Universal Limited, Hulley Enterprises Limited et Veteran Petroleum Limited) $50 milliards de dommages, $60 millions de frais juridiques et $5.6 millions de coûts.
Dans notre blog de 19/06/2015 (https://www.international-arbitration-attorney.com/overview-of-the-yukos-arbitration/), nous avons mentionné que la Fédération de Russie a demandé l'annulation des Yukos Awards (trois sentences provisoires datées 30 novembre 2009 et trois récompenses finales datées 18 juillet 2014) devant les tribunaux néerlandais pour plusieurs motifs, y compris l'absence d'une convention d'arbitrage valide. Dans son jugement de 20 avril 2016, Le tribunal de district de La Haye a annulé les sentences pour défaut de compétence.
Le raisonnement du tribunal de district de La Haye pour l’annulation des prix Yukos, conformément à l’interprétation que donne la Fédération de Russie de l’article 45 CTE (qui prévoit que chaque signataire s'engage à appliquer le CTE à titre provisoire en attendant son entrée en vigueur "dans la mesure où cette application provisoire n'est pas incompatible avec sa constitution, lois ou règlements"), est que le libellé de cet article exige un examen de la conformité de chaque disposition distincte du TCE avec la 1993 Constitution et autres lois ou règlements de la Fédération de Russie. Par conséquent, selon la Cour, la Fédération de Russie ne serait liée que par les dispositions conciliables avec ses lois.
Le tribunal de grande instance de La Haye a estimé que le règlement des différends entre un investisseur étranger et une partie au TCE, en vertu de l'article 26 CTE, est contraire au droit russe car le principe de séparation des pouvoirs exige que le Parlement de la Fédération de Russie ratifie les traités qui complètent ou modifient le droit russe. Article 26 L'ECT ne pourrait être appliqué à titre provisoire sans que la Douma et le Conseil de la fédération adoptent une loi fédérale à cet effet.
Par conséquent, la Cour a accordé l'annulation des sentences Yukos au motif que l'avis d'arbitrage signifié à la Fédération de Russie ne constituait pas une convention d'arbitrage valable et que le Tribunal arbitral n'aurait pas dû se déclarer compétent pour connaître du différend.
À la lumière de cette constatation, la Cour a jugé inutile de se prononcer sur les autres motifs invoqués devant elle pour obtenir les Yukos Awards.
Bien qu'il s'agisse en effet de la question juridique la plus épineuse concernant la compétence de Yukos’ actionnaires, et le différend n'est pas terminé, c'est un revers majeur après 10 ans de procédures judiciaires.
Le texte intégral du raisonnement de la cour se trouve ci-dessous.